Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

liberté d'expression

  • Haut les têtes !...

    Les éditions Intervalles viennent de publier le premier roman de Gabriel Saillard intitulé Haut les têtes. Gabriel Saillard est avocat.

     

    Saillard_Haut les têtes.jpg

    " Paul est avocat dans un grand cabinet parisien. Féru d'histoire, il s'est lancé dans l'écriture d'un livre sur Georges Clemenceau et Winston Churchill. Pendant ce temps, à l'Assemblée nationale, l'avancement posthume d'Alfred Dreyfus au grade de général de division fait bondir les extrêmes de tous bords et embrase le débat public. Et si le projet littéraire de Paul s'avérait plus délicat que prévu? Haut les têtes est un roman mordant et enlevé sur la liberté d'expression à l'heure de l'affaissement culturel. Dans une époque minée par les dérives identitaires et les ravages du conformisme, le personnage de Paul, bercé par un imaginaire fait de Krak des chevaliers et de cadets de Gascogne, nous plonge dans la folie d'un monde où même les hussards les plus hardis peinent à garder la tête haute. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Feu sur la désinformation... (501) : Jean-Yves Le Gallou face aux juges !

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou et Floriane Jeannin.

     

                                               

    Au sommaire cette semaine :

    Dossier du jour : Jean-Yves Le Gallou convoqué devant la 17e chambre correctionnelle de Paris le mardi 18 février prochain pour deux tweets. L’occasion de se demander si la justice est à l’épreuve de la critique et de vous dévoiler les dessous de cette affaire qui commence en 2022 et qui soulève des questions fondamentales sur la liberté d’expression, le rôle des juges et la démocratie....

    ‐-‐-----------

    Pastilles de l’info:

    • Macron : président d’opérette
    • Merwane Benlazar, l'humoriste passé une fois sur C à vous : les meilleurs blagues sont les plus courtes
    • France Télévisions chausse ses gros sabots avec le téléfilm "Bénie soit Sixtine"
    • France Travail : un scandale dont presque personne ne parle
    • Attaque de policier au cris d'"Allah Akbar !" : TF1 occulte l'essentiel
    • Quotidien pleure les “chaînes démocrates” CNN, NBC et CBS
    • Usages des Réseaux Sociaux : entre choc des génération et guerre du “cool”
    • Ces médias qui célèbrent la vie sans enfants

    ‐-‐-----------

    Portrait piquant (en partenariat avec l’OJIM) : Pascal Praud...

    Lien permanent Catégories : Décryptage, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Meta/Zuckeberg, demi-tour droite ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse de l'Observatoire du journalisme consacré au changement de pied du propriétaire de Meta, Mark Zuckerberg, concernant la censure et à ses conséquences en France...

     

    Zuckerberg_Meta.jpg

     

    Meta/Zuckeberg, demi-tour droite !

    Mark Zuckerberg aurait-il été touché tardivement par la Grâce ?
    Hier défenseur farouche des « valeurs de la communauté » sur ses réseaux (Facebook, Instagram, WhatsApp), valeurs fort incertaines permettant toutes les censures, il fait acte de contrition, mange son chapeau numérique et appelle à la liberté d’expression.

    Première repentance en août 2024

    La nouvelle était passée quasi inaperçue. Le 26 août le patron de Meta envoyait un courrier à la commission du Congrès américain revenant sur ses erreurs. Première erreur, avoir accepté que le gouvernement Biden fasse « pression sur ses équipes pendant des mois pour qu’elles censurent certains contenus sur le Covid ». Deuxième erreur, avoir cédé aux pressions du FBI pour cacher les turpitudes du fils Biden, Hunter. « Le FBI nous a mis en garde contre une opération de désinformation russe potentielle concernant la famille Biden ». Mais « il a été clairement établi qu’il ne s’agissait pas de désinformation russe et… nous n’aurions pas dû rétrograder l’article ». Dont acte.

    Deuxième repentance avec effets le 7 janvier 2025

    Le premier acte de contrition était encourageant, mais ce n’était que le début conduisant à un changement complet de politique dévoilé en début d’année. Les quelques 3 milliards d’utilisateurs des plateformes Meta vont pouvoir profiter d’une nouvelle liberté d’expression. Une évolution spectaculaire pour celui qui avait banni Trump de ses réseaux. Adieu la censure préalable, bonjour les notes de communauté comme sur X/Twitter. Cette méthode permet d’ajouter une note à un tweet considéré comme imprécis ou comme frauduleux. Autrement dit le débat (on peut faire une note sur la note) remplace la censure.

    Adieu fact checkers !

    Mais Zuckerberg va plus loin et accable les fameux vérificateurs d’information alias les fact-checkers. « Nous allons nous débarrasser des fact checkers … trop biaisés et qui… ont détruit plus de confiance qu’ils n’en ont créée, en particulier aux États-Unis ». Les conséquences ont été immédiates, 5% des employés vont être licenciés et les équipes de modération vont déménager de la woke Californie au conservateur Texas. Autre conséquence, la rupture des juteux contrats des pseudo fact checkers avec Meta. Des agences comme Reuters ou l’AFP (voir infra) vont perdre de nombreux censeurs ou devront les financer, de même pour nombre de médias comme Les Observateurs de France 24, 20 Minutes et bien d’autres. Un réseau international progressiste comme l’IFCN (International Fact Checking Network) couvrait 45% de ses dépenses en 2022 grâce aux fonds de Meta. D’où l’ire du français Julien Pain, qui y voit tout simplement « une attaque contre notre démocratie », rien de moins.

    L’AFP en manque de financement pour sa censure

    Dans un mail interne (source La Lettre), le directeur de l’information de l’AFP se plaignait le 9 janvier du manque de considération de Meta :

        « L’AFP a été informée de la fin des opérations de fact-checking de Meta aux États-Unis 15 minutes avant l’annonce officielle par la plateforme. Nous avions pourtant reçu une lettre officielle en septembre, avant l’élection présidentielle américaine, confirmant que tous nos projets de fact-checking avec Meta se poursuivraient au moins jusqu’en 2026 ».

    Il est vrai que l’AFP emploie directement ou indirectement 150 (150 !) journalistes dans le monde dans son service de pseudo vérification des faits, Factuel. Meta financerait jusqu’à 8 M€ annuels soit environ 75% de cette activité qui était en pleine expansion à l’agence. Si Facebook n’a pas annoncé la fin de son financement en Europe, l’avenir de ce soutien n’est pas assuré.

    Rappel de l’orientation politique des journalistes de l’AFP

    On sait que la très grande majorité des fact checkers américains penchaient politiquement du côté démocrate le plus woke. Il n’est pas inutile de rappeler les orientations politiques des journalistes de l’AFP. Il suffit pour cela de se pencher sur les résultats des élections syndicales de l’agence le 15 octobre 2022 :

    CATÉGORIE JOURNALISTES EN % 2022

        SNJ 40%
        SUD 26%
        CGT 20%
        AUTRES 14%

    Le Syndicat National des Journalistes SNJ est marqué à gauche entre social-démocratie et extrême gauche suivant les rédactions, la CGT s’est émancipée de la tutelle du PCF mais reste marquée par son histoire communiste avec des accents souvent corporatistes, SUD a été créé en 1988 par des militants trotskistes de la Poste. Depuis 2011 le vote SUD a plus que doublé chez les journalistes de l’AFP, passant de 11% à 26% en 2022. Les conclusions vous appartiennent.

    Remarquons au passage que certaines agences comme Associated Press sont financées partiellement par George Soros ou les fondations du couple Melinda et Bill Gates

    Haro sur l’Union européenne

    Au même moment, Zuckerberg, attaque frontalement l’UE qui « adopte un nombre croissant de lois institutionnalisant la censure » et « rend difficile la construction de quoi que ce soit d’innovant ». Dans le même message il annonce vouloir travailler avec Trump pour défendre les entreprises américaines contre les institutions qui veulent les brider ou les contrôler. En ligne de mire le DSA (Digital Services Act) en vigueur depuis 2023 pour combattre les « discours de haine » (comprenez museler les idées incorrectes) en imposant aux réseaux sociaux l’emploi d’un nombre suffisant de censeurs humains ou numériques sous peine d’amende voire d’interdiction du réseau en infraction.

    L’obscure ministre française déléguée au numérique, Clara Chappaz ne s’y est pas trompée et a défendu ardemment la censure, assurant qu’après avoir échangé avec la direction de Meta France, cette dernière l’a informée que le remplacement des vérifications par les fact checkers par des notes de la communauté ne serait pas déployé en Europe pour le moment. Ouf soufflent soulagés les partisans de la censure de l’extrême-centre.

    Henna Virkkunen, vice-présidente de la Commission et responsable de la technologie et de la souveraineté numériques a déjà mis en garde Musk, affirmant « Notre tâche est de nous assurer que les droits des citoyens européens sont respectés et que notre législation est appliquée. Cela garantit des conditions de jeu équitables et un environnement en ligne sûr pour tous», une jolie langue de bois qui cache l’embarras de la Commission face à un couple Trump-Musk qui n’a pas la réputation de se laisser faire.

    N’oublions pas que Musk comme Zuckerberg défendent d’abord leurs intérêts et ceux des États-Unis. Ne sous-estimons pas l’opportunisme politique de Zuckerberg soucieux d’apprivoiser l’administration Trump. Mais saluons une forte brise vent d’ouest et souhaitons qu’elle vienne rafraîchir la liberté d’expression en France et en Europe.

    Observatoire du journalisme (Ojim, 28 janvier 2025)

    Lien permanent Catégories : Décryptage 0 commentaire Pin it!
  • La liberté d'expression, une condition du progrès ?...

    Dans cette nouvelle vidéo, Ego Non nous fait découvrir l'écrivain anglais du XVIIe siècle John Milton et sa défense de la liberté d'expression comme condition de tout essor intellectuel.

     

                                               

    Lien permanent Catégories : Multimédia, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Quand la liberté d'expression ne se partage pas...

    Nous reproduisons ci-dessous un article courageux et décapant d'Eric Delcroix, cueilli sur Polémia et consacré à la question de la liberté d'expression...

     

    liberté d'expression.jpg

    Pour ou contre l’apologie du terrorisme ?

    LFI et l’abrogation du délit d’apologie du terrorisme

    Il est toujours irritant de devoir donner raison à des gens qui justifient ordinairement notre mépris et notre rejet. Mais la raison est la raison et, surtout sur des sujets graves, il importe de ne pas céder à la passion et donc de dire ce qui est. C’est ainsi que, ici même (voyez « Marine face à la justice, la séparation des pouvoirs » – mis en ligne le 19/11), il m’a fallu convenir que Jean-Luc Mélenchon avait eu raison, quand il était député national en 2018, de s’opposer à une perquisition de ses locaux politiques en criant :

    « Je suis la République ! ».

    Aujourd’hui, tout l’établissement politique, encore pour une mauvaise raison, s’en prend de nouveau à La France insoumise (LFI), parce qu’elle voudrait abroger le délit d’apologie du terrorisme introduit tardivement dans le Code pénal (2014) en un nouvel article 421-2-5. Toutefois LFI, comme Mélenchon qui n’avait pas osé soutenir devant le Tribunal sa proclamation, demande en réalité que ce délit soit retiré du Code pénal pour être tout de même ré-inséré dans la loi de 1881 sur la liberté de la presse, plus protectrice des intérêts du justiciable. Grandes gueules à 100 %, mais demi mesure de quart de révolutionnaires…

     

    Liberté d’expression et apologie du terrorisme

    De 1881 jusqu’à 1992, l’apologie du terrorisme n’était pas réprimée. Elle a été créée en 1992, insérée dans la loi régissant la presse avant d’être transférée dans le Code pénal en 2014. Et auparavant ? Non, de 1881 à 1992 nous vivions avec un sens de la liberté d’expression qui s’est peu à peu dissoute dans les bons sentiments. Durant la guerre d’Algérie le rebelles du FLN n’étaient pas avares de crimes terroristes et pourtant le législateur français s’était refusé de créer le délit d’apologie du terrorisme.

    Les auteurs du Traité du droit de la presse [i] en 1969, Henri Blin président de chambre à la Cour de cassation, Albert Chavanne et Roland Drago, professeurs aux facultés de droit de Lyon et Paris considéraient qu’il était légitime que la loi ne réprimât que les apologies de crimes et délits de droit commun, aussi regrettaient-ils qu’y ait (déjà) été ajouté l’apologie des crimes de guerre et celle de collaboration avec l’ennemi. Ils écrivaient :

    « Le choix de ces infractions très graves ne soulève aucune difficulté à l’exception des deux dernières dont la poursuite risque de recouvrir en fait des procès politiques. (…) Malgré [l’ordre public] il semble très inopportun d’incriminer pénalement des apologies qui ne seraient pas celles de crimes et délits de droit commun. » Et de mentionner les lois peu exemplaires à cet égard du Brésil, du Nicaragua et de l’URSS [ii].

    Plutôt que de chercher simplement à remettre l’apologie du terrorisme dans la loi de 1881, la proposition de loi de LFI aurait dû avoir pour objet son abrogation pure et simple, pour revenir au statu quo ante d’avant 1992. D’autant que leur but est de pouvoir librement défendre la cause palestinienne, ce pourquoi il est impératif d’abolir une loi qui, par nature et de toute façon, impose au juge une partialité politique systémique.

    N’oublions pas que toutes les résistances en combat asymétriques ont utilisé le terrorisme, mis à part le Mahatma Gandhi.

     

    L’apologie du terrorisme des vainqueurs reste libre : « Vae victis ! »

    Maintenant, en dehors malheureusement des gens de LFI, le reste de notre classe politique soutient bec et ongles le maintien du délit d’apologie du terrorisme tel quel, alors qu’elle la pratique impunément et par système pourvu que les terroristes soient vainqueurs ou consensuellement à la mode.

    Où ces emplumés ont-ils la tête, quand ils célèbrent le 14 juillet, érigé par la République en fête nationale, alors que ce fut en 1789 une journée de lynchages lors de laquelle le vieux marquis de Launey a subi le sort de Samuel Paty (en 2020), comme Jacques de Flesselle, prévôt des marchands de Paris qui voulait empêcher le pillage des commerces, et quelques dizaines d’invalides préposés à la garde de la Bastille ?

    Quel procureur oserait poursuivre, quel juge oserait condamner les élus départementaux ou régionaux qui placent sous les vocables de Danton ou Robespierre des collèges et des lycées. Et Paris n’a-t-il pas, depuis belle lurette, sa rue Danton ?

    Inconséquences, mensonges et hypocrisies, qui permettent de porter au Panthéon un Manouchian, exécuté par les Allemands parce qu’il commettait des attentats meurtriers contre leurs soldats, attentats qui, commis en Algérie entre 1954 et 1962 contre nos propres soldats, étaient condamnés à bon droit par notre justice comme crimes terroristes, avec à la clef également la peine de mort.

    Toujours la vielle antienne des censeurs de partout et toujours, pour le bien combattre le mal : communistes gentils, Soljenitsyne méchant ; gouvernement algérien gentils, Boualem Sensal méchant !

    LFI n’ose pas, le Conseil constitutionnel n’ose pas, la Cour de cassation n’ose pas, le Conseil d’État n’ose pas, la Cour européenne des droits de l’homme n’ose pas…

    Osez sacrebleu : vive la Liberté !

    Éric Delcroix (Polémia, 28 novembre 2024)

     

    Notes :

    [i] Dit Code Barbier, Librairie technique, 1969,
    [ii] Idem, § 308.

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Répression des propos privés : non à la loi liberticide !...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une tribune du Président du Cercle Droit et Liberté, l’avocat Thibault Mercier, reproduite par l'Observatoire du journalisme et consacrée à une proposition de loi de deux députés macronistes, votée en première lecture à l’Assemblée nationale, qui entend réprimer les propos à caractère discriminatoire tenus en privé.

    Thibault Mercier est l'auteur de Athéna à la borne (La Nouvelle Librairie, 2023).

     

    Vie des autres.jpg

     

    Répression des propos privés : non à la loi liberticide

    La liberté en question

    « La liberté, pour quoi faire ? ». De cette question attribuée à Lénine, Georges Bernanos a tiré une conférence prononcée au sortir de la Seconde Guerre mondiale, évoquant la désaffection cynique pour la liberté s’étant emparée de tant de consciences. Un siècle plus tard, ce sont nos «élites» politiques qui pourraient faire leur cette déclaration du leader bolchevik, alors que pas un mois ne passe sans qu’une nouvelle restriction à la liberté d’opinion ne vienne parfaire notre arsenal législatif.

    Intrusion dans les foyers

    Après le très commenté arrêt CNews-Reporters sans frontières du Conseil d’État de février dernier, ce sont désormais nos députés qui viennent illustrer leur désamour de la libre opinion en votant le 6 mars dernier en première lecture une proposition de loi visant à contrôler et punir les propos que vous pourriez tenir… en privé. Voyez plutôt : l’injure et la provocation non publiques à la discrimination ou à la haine en raison notamment de la race, du sexe, de l’orientation sexuelle ou encore du genre, pourraient bientôt constituer un délit puni d’une amende de 3 750 euros. Et ceci afin de « préserver notre pacte républicain et protéger nos concitoyens » peut-on lire dans l’exposé des motifs de la proposition.

    Psychose maniaco-législative

    Non content de contrôler — drastiquement — la parole publique, l’État viendra désormais jusque dans votre foyer pour s’assurer qu’aucun mot ne puisse porter atteinte à la légalité républicaine. « La sanction pénale doit être garantie et systématique », écrivent encore les députés à l’origine de la proposition. Il faut relire Philippe Muray et ses fulgurances sur « l’envie du pénal» et la psychose maniaco-législative moderne qui veut que chaque espace de liberté d’où le droit est absent soit un vide juridique à combler par des lois et règlements…

    Le précédent du Covid

    Rappelez-vous que durant la période du Covid-19, l’État vous imposait de ne pas «être plus de six personnes à table». Désormais la teneur même des discussions que vous tiendrez avec vos invités va-t-elle passer entre ses fourches caudines ? Gare à vous si vous froissez un convive lors d’un débat politique après avoir un peu trop forcé sur le chablis à l’apéritif. Pas un mot plus haut que l’autre ! Tout adulte normalement constitué qui aurait été choqué ou insulté est libre de ne plus remettre les pieds chez vous. Mais la période est à l’hygiénisme, aussi bien physique que mental, dans notre grand hospice occidental. L’objectif de pacification des mœurs affiché par les députés peut paraître louable mais est-ce bien là le rôle de l’État de venir pénaliser nos colères et nos emportements ?

    Provocation à la haine et délation

    Et que dire de la « provocation à la haine ou à la discrimination » notamment en raison de l’orientation sexuelle ou du genre. Jessica ira-t-elle dénoncer les propos transphobes de papy René en sortant du prochain dîner de réveillon ? On pourrait en rire mais c’est bien grâce à la délation que cette loi pourra être mise en œuvre en pratique. Une fois n’est pas coutume, Orwell s’est trompé en 1948 et il n’y aura pas besoin d’installer de télécran dans chaque maison pour y surveiller ce qui pourrait s’y tramer. La culture de la dénonciation promue par le gouvernement s’en chargera. « Dénoncez-vous les uns les autres » publiait il y a quelques années Benoît Duteurtre, satire dans laquelle il imaginait un gouvernement faisant promulguer une loi « dénoncer et protéger » pour lutter contre le sexisme. Les propos tenus sur l’oreiller pourront-ils vous mener au poste de police ?

    La Vérité du camp du Bien

    Doit-on rappeler l’importance du désaccord et de la divergence d’opinions, privées comme publiques d’ailleurs, outils encore inégalés pour arriver au compromis et à la vérité ? Va-t-on devoir s’entourer dans nos foyers de gens qui ne pensent que comme nous pour éviter toute répression pénale ? Cette nouvelle loi illustre à merveille cette logophobie, cette haine de la libre-pensée (encore Muray) qui vient « placer au-dessus de toute tentative de problématisation, dans la sphère du sacro-saint, certaines choses et certains êtres parce que ceux-ci sont considérés comme faisant partie des éléments inviolables du nouveau monde ».

    Le totalitarisme de l’extrême-centre

    Quant à l’abolition de la frontière entre public et privé, elle caractérise le totalitarisme, tel que nous le disait Hannah Arendt. Et c’est à se demander si les députés du groupe Renaissance à l’origine de cette proposition de loi connaissent leur littérature politique. La question est bien sûr rhétorique… Dans cette même veine, que dire des « stages de citoyenneté » et autres « stages de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations » que prévoient la loi comme peine complémentaire et qui ressemblent à une véritable entreprise de rééducation citoyenne ?

    S’il y a bien une loi à proposer, c’est celle venant créer un « safe space » au sein de nos domiciles afin que l’État ne puisse y pénétrer. C’est donc plutôt un principe d’inviolabilité — immatériel — du domicile que nos députés devraient faire voter plutôt que d’attiser les « braises pénalophiles ».

    NB : Le Cercle Droit et Liberté rassemble des professionnels du droit, attachés aux libertés publiques comme privées.

    Thibault Mercier (OJIM, 19 mai 2024)

     

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!